Réintégration des ex-combattants au Libéria

Les jeunes pauvres et sans emploi sont largement considérés comme une menace pour la stabilité politique, souvent blâmés pour tout, des combats au crime, en passant par les émeutes et les révolutions. Les ex-combattants suscitent une inquiétude particulière. Non seulement ils ont une expérience professionnelle dans la guerre, et donc un certain avantage comparatif dans la violence, mais leurs réseaux sociaux peuvent également être denses avec des recruteurs potentiels. La guerre peut également les avoir laissés plus pauvres ou plus traumatisés que leurs pairs. Chacun de ces facteurs pourrait augmenter le risque de rébellion, de criminalité ou d'autres agressions, risques plus importants dans les États faibles et les climats économiques incertains comme celui du Libéria.

En réponse, les décideurs politiques se tournent généralement vers l'emploi et d'autres programmes de réduction de la pauvreté, y compris les subventions en espèces, la formation professionnelle, le développement des petites entreprises et la microfinance. Ces programmes reposent sur la conviction que les opportunités économiques s'accompagnent de stabilité. Lorsqu'ils traitent avec des populations organisées, comme les anciens combattants, les membres de gangs ou les organisations criminelles, les décideurs politiques sont également soucieux de briser les réseaux sociaux à risque, en particulier les liens entre les commandants et les fantassins. Les interventions vont souvent au-delà des simples programmes d'emploi et visent à déplacer, réinstaller ou autrement retirer les personnes à haut risque des réseaux à risque.

Ce projet évalue un programme de réhabilitation pour les ex-combattants et autres jeunes à haut risque au Libéria, un cas unique où il était à la fois politiquement et pratiquement faisable d'établir et de suivre un groupe de contrôle aléatoire. Le programme que nous étudions, qui a été conçu et mis en œuvre par l'organisation non gouvernementale (ONG) internationale Action on Armed Violence, est parmi les meilleurs de sa catégorie. Le programme est ciblé sur les ex-combattants et autres populations à haut risque dans les enclaves de ressources et autres «points chauds» à travers le pays. Il offre une formation approfondie aux compétences agricoles et des intrants, ainsi qu'une formation aux compétences de vie et une aide à la réinstallation. Son objectif est de réduire le risque de violence et d'agression en fournissant des moyens de subsistance alternatifs et stables dans les communautés civiles aux jeunes autrement engagés dans des activités illicites ou que l'on pense être facilement mobilisés dans le crime ou la violence. Après avoir observé deux cours très prometteurs et des promotions de diplômés, les chercheurs ont collaboré avec l'ONG pour évaluer au hasard leur prochaine série de cours sur deux sites de formation.

Les exécutants du programme ont confirmé que le nombre de jeunes éligibles au programme dépassait la capacité du programme d'un facteur d'au moins deux. La taille de l'échantillon était limitée à 2,5 fois le nombre de places dans le programme, pour un total de 1500. Afin de donner à tous les jeunes éligibles une chance égale de participer, les exécutants du programme ont déterminé l'entrée dans le programme en utilisant une randomisation informatisée des jeunes éligibles. Les répondants ont été assignés au traitement et au contrôle à l'aide d'un programme de randomisation codé en Stata. L'échantillon a été stratifié selon le sexe, le "statut de commandant" et la communauté d'enregistrement.

L'étude comporte deux séries principales de collecte de données parmi les groupes de traitement et de contrôle : une enquête de référence avant l'intervention et une enquête de suivi environ un an après la fin du programme.