Cohorte de patients atteints du Covid-19 présentant des troubles neurologiques ou psychiatriques (CoCo-Neurosciences) (CoCo-Neuro)

Contexte pandémique En décembre 2019, les premiers cas d'infection par le coronavirus SARS-CoV-2 (Covid-19) sont apparus à Wuhan, dans la province du Hubei, en Chine. Le virus s'est rapidement propagé à d'autres provinces chinoises puis au reste du monde. Les premiers cas en France ont été diagnostiqués le 23 janvier 2020 chez des patients ayant séjourné en Chine, et le nombre de cas est rapidement passé à 100 cas confirmés le 29 février 2020. Au 16 avril, 106 206 patients avaient été confirmés, 6 457 patients étaient hospitalisés en réanimation et le nombre de décès liés au Covid-19 à l'hôpital était de 10 643 (government.fr). A la même date, plus de 2 065 906 cas ont été confirmés dans le monde, avec plus de 137 124 décès (jhu.edu). La manifestation clinique la plus fréquemment rapportée de l'infection par le SRAS-CoV-2 est un syndrome infectieux associé à des signes respiratoires.

Manifestations neurologiques et psychiatriques du Covid-19 A ce jour, on sait peu de choses sur les manifestations neurologiques et psychiatriques du Covid-19. Certains auteurs ont suggéré une proportion significative de patients présentant des manifestations neurologiques centrales telles que maux de tête, confusion, convulsions ou accidents vasculaires cérébraux. Quelques cas d'encéphalite COVID-19 ont également été rapportés : un cas d'encéphalite hémorragique aiguë, et un cas d'encéphalite avec convulsions et PCR SARS-CoV-2 positive dans le LCR. La déficience neurologique de Covid-19 a été proposée comme mécanisme contribuant à l'insuffisance respiratoire chez certains patients atteints d'une maladie grave. L'anosmie et l'agueusie sont maintenant reconnues comme des symptômes courants de l'infection. Des cas de syndrome de Guillain-Barré et de myélite probable (sans confirmation radiologique) ont également été décrits. Des myalgies sont fréquemment rapportées chez les patients infectés par le Covid-19, mais aucun cas documenté de myopathie n'a été rapporté à ce jour.

Les patients infectés par le Covid-19 peuvent également présenter une encéphalopathie systémique dans le cadre d'une insuffisance respiratoire sévère, d'une défaillance d'organe associée (rénale, hépatique) et d'iatrogénicité.

Les patients hospitalisés en réanimation pour des formes sévères de l'infection présentent fréquemment une confusion, et parfois des troubles cognitifs persistants tels qu'un syndrome dysexécutif, des troubles de l'attention, une désorientation spatio-temporelle. Une fréquence élevée de signes cliniques de lésion du faisceau cortico-spinal et d'images de contraste leptoméningées sur l'IRM cérébrale a également été rapportée.

Concernant les manifestations psychiatriques, une prévalence élevée de troubles anxieux et de syndromes dépressifs a été notée chez les patients atteints du Covid-19. Un trouble de stress post-traumatique peut également survenir chez ces patients, en particulier ceux qui ont souffert de formes sévères de stress et qui ont été hospitalisés dans des unités de soins intensifs.

Le SRAS-CoV-2 fait partie de la famille des coronavirus et présente une forte similitude avec d'autres coronavirus tels que le SRAS-CoV ou le MERS-CoV. La connaissance clinique et préclinique des autres coronavirus suggère un neurotropisme des virus de cette famille. En particulier, une infection par le SRAS-CoV-2 ou le NCoV-OC43 peut provoquer une encéphalite ou une encéphalomyélite. Le virus SARS-CoV-2 adhère aux membranes cellulaires par interaction avec les récepteurs ACE2, qui sont fortement exprimés à la surface des neurones et des cellules gliales. Le récepteur ACE2 est particulièrement exprimé dans le tronc cérébral et dans des régions impliquées dans le contrôle cardiovasculaire dont le noyau paraventriculaire, noyau du tractus solitaire. Le virus pourrait atteindre le système nerveux via la circulation systémique (virémie) ou via la microcirculation ethmoïdale via l'épithélium olfactif. En effet, des études animales ont montré que le SARS-Cov peut envahir le cerveau via l'épithélium olfactif via la voie nasale et provoquer la mort neuronale. Le virus pourrait également infecter le cerveau par transmission trans-synaptique de l'épithélium olfactif à travers le plancher ethmoïdal jusqu'au bulbe olfactif. Un autre mécanisme d'atteinte neurologique lié à l'infection au Covid-19 pourrait être l'initiation d'une réaction immunitaire avec la libération de cytokines et d'autres protéines inflammatoires, conduisant à une rupture de la barrière hémato-encéphalique, qui amplifie les processus neuro-inflammatoires. L'inflammation systémique et les cytokines peuvent également favoriser l'AVC ischémique. Des coagulopathies sévères ont été rapportées.

Covid-19 et troubles neurologiques et psychiatriques préexistants L'infection par le SRAS-CoV-2 pourrait entraîner l'aggravation de certains troubles neurologiques et psychiatriques préexistants, mais l'impact potentiel de l'infection à court, moyen et long terme sur ces pathologies est encore inconnue.

En effet, les infections sont un facteur aggravant classique dans de nombreuses pathologies neurologiques, telles que les pathologies auto-immunes, les pathologies métaboliques, ainsi que les pathologies neurodégénératives. L'inflammation cérébrale est reconnue comme un mécanisme important des pathologies neurodégénératives et a également été impliquée dans des pathologies psychiatriques telles que la schizophrénie et la dépression.

Les patients atteints d'atteintes cardiaques ou respiratoires, notamment dans le cadre de pathologies neuro-musculaires, pourraient notamment développer des formes sévères d'infection. Les patients atteints de pathologies neurodégénératives représentent souvent une population âgée, et donc également à risque de formes sévères d'infection. Les patients suivis pour des pathologies inflammatoires ou neuro-oncologiques et sous traitements immunosuppresseurs ou chimiothérapie représentent également une population à risque. L'infection par le SRAS-CoV-2 pourrait également aggraver certaines pathologies psychiatriques.

Recherche d'intérêt public Des manifestations neurologiques et psychiatriques ont été rapportées chez des patients atteints du Covid-19 mais les différentes expressions neuropsychiatriques des infections au Covid-19 ne sont actuellement pas bien caractérisées.

Une meilleure connaissance des atteintes neurologiques et psychiatriques liées au Covid-19 pourrait améliorer la prise en charge des patients en phase aiguë.

La connaissance des complications neurologiques et psychiatriques survenant ultérieurement permettrait d'adapter le suivi de ces patients. L'inclusion de données de suivi prospectives à long terme est cruciale dans la compréhension globale des troubles neuropsychiatriques du Covid-19. Les complications neurologiques sont susceptibles de survenir à distance de l'infection ou d'être diagnostiquées tardivement, par exemple chez des patients ayant été en réanimation. Le recueil des données issues du suivi de rééducation de ces patients est crucial dans ce contexte.

La description phénoménologique précise de ces manifestations et le recueil de données d'imagerie, biologiques et neuropathologiques peuvent également permettre d'établir des hypothèses sur la physiopathologie des dommages neurologiques causés par le Covid-19.

L'impact de l'infection au Covid-19 sur les pathologies neurologiques et psychiatriques préexistantes n'est pas connu. Cette connaissance permettrait d'optimiser la réorganisation de la prise en charge, du suivi et de la rééducation de ces patients dans le contexte épidémique.

Dans cette étude observationnelle, rétrospective et multicentrique, les investigateurs visent à i) décrire les manifestations cliniques et paracliniques des patients présentant des manifestations neurologiques ou psychiatriques de l'infection au Covid-19, et ii) décrire l'évolution des trajectoires cliniques des patients atteints de l'infection au Covid-19 , suivi initialement pour des pathologies neurologiques ou psychiatriques.